Par Jean Christophe Bataille
Le Shanghai center
La hausse récente des taux chinois est un signal fort des autorités. Elle montre le souhait des instances monétaires de contrôler la surchauffe économique et donner à la croissance chinoise un caractère vertueux. La diminution des réserves de main d'oeuvre bon marché a déjà propulsé les coûts salariaux vers le haut dans l'empire du milieu et le risque d'inflation justifie pleinement une hausse des taux courts. Celle-ci est une garantie pour la stabilité voire la baisse des taux longs sur le jeune compartiment obligataire chinois. Elle traduit également la volonté des chinois de laisser progressivement le yuan s'apprécier et sortir d'un modèle économique basé sur les exportations. Dans ce contexte, la sous évaluation chronique du Yuan et l'importance des réserves de changes de la Chine pourraient donner à sa monnaie le statut de réserve de valeur au même titre que l'or. Le tableau n'est toutefois pas entièrement rose en Chine car l'inflation réelle y est déjà forte et les taux courts encore trop bas. Les taux d'intérêt réels en monnaie locale pour les chinois (-3%) y sont plus négatifs qu'aux Etats-Unis. La Chine sera donc amenée à augmenter à nouveau ses taux courts pour développer l'épargne sur d'autres supports que l'immobilier et l'or physique, pour freiner la surchauffe économique et la spéculation immobilière.
La stratégie pour profiter de ces évolutions consiste à acheter des titres de créances chinois en monnaie locale à échéance courtes sans couvrir le risque de change. Le choix du monétaire ou des échéances courtes a pour objectif d'éviter de prendre le risque d'une montée des taux longs en cas d'évolution trop inflationniste. Il faudra les arbitrer pour des actions chinoises lorsque le Yuan et les taux courts auront atteint un niveau suffisant pour faire atterrir l'économie de l'empire du milieu.
Lors des accords de Plazza en 85, le Japon avait fini par accepter la réevaluation de sa monnaie sous la pression des américains et les menaces de protectionnisme, pour voir son activité diminuer de moitié les années suivantes et décider ensuite de faire chuter ses taux courts pour faire repartir son économie de plus belle en créant une des plus grosses bulles spéculatives immobilières de l'histoire. La Chine devrait suivre peu ou prou le début de cette trajectoire.
L'appréciation du Yuan et son intégration dans le système de change flottant paraissent inéluctable. La suite sera probablement plus compliquée qu'au Japon dans les années 80 car le jeu des pénuries de matières premières et de l'inflation par les coûts viendront probablement changer la donne à plus long terme.
Je donnerai prochainement une piste pour profiter des évolutions monétaires du Yuan et des actions chinoises.