Par Jean Christophe Bataille.
Quelques remarques pêle mêle sur les fondamentaux de l'économie en ce début de mois d'avril. Ces anticipations sont à moyen long terme et n'impactent pas celles formulées dans la file trading pour le mois de mars.
Croissance
La nouvelle fondamentale de cette semaine a été la baisse du chomage américain. L'économie des USA est temporairement repartie avec QE2. Le taux de croissance du PIB américain s'affiche à plus de 3 %. La France, elle-même, devrait s'acheminer vers son trend habituel de 1.5 %. L'idée que nous pouvons développer pour guider nos investissements est que ce cycle va se poursuivre. Il faut cependant garder à l'esprit qu'il durera probablement moins longtemps que les précédents du fait du poids que font peser des dettes souveraines dans tout l'occident. Je reste donc pour l'instant investi en actions dans les proportions du Forecast tout en gardant toute la prudence nécessaire.
Une autre idée est qu'il faudra se méfier très en amont des cours boursiers car lorsqu'une nouvelle récession sera anticipée par les marchés, elle le sera comme toujours longtemps à l'avance. Toutefois, pour prolonger le cycle actuel, la FED n'hésitera pas à injecter de nouvelles quantités de dollars en utilisant les moyens les moins conventionnels. QE3 n'est pas impossible si à l'arrêt de QE2 la croissance donne des signes de faiblesse. Les méthodes non conventionelles se poursuivront car je crois que les autorités américaines recherchent un affaiblissement progressif du dollar. Elles n'ont pas d'autre choix pour piloter l'économie mondiale.
Taux et monnaies
On prédit chez tous les Cassandre une explosion des taux américains. J'ai toujours autant de mal avec l'hypothèse d'un crash obligataire brutal. Je ne le juge pas impossible mais j'anticipe plutot un délitement progressifs des monnaies occidentales et une montée lente mais controlée des taux longs. L'action des banques centrales par la monétisation est clairement efficace. Le compartiment obligataire des émergents est encore très faible. L'argent se réfugie donc dans les obligations de l'OCDE et dans les actifs tangibles du fait d'une poursuite de l'aversion au risque. L'achat d'obligations souveraines par les banques centrales fait le reste. Cette montée lente des taux aura des effets déletères : péjoratifs sur les supports euros de l'assurance vie, plus difficles à prévoir sur l'immobilier au comptant. Elle sera probablement favorable aux emprunteurs à taux fixe. Tout dépendra du niveau de l'inflation. Le garde fou des trackers short obligataires me parait plus que jamais indispensable au portefeuille. A accumuler en baisse ! Les métaux précieux continueront à se renchérir dans nos monnaies et nos dettes à taux fixe à se déprécier.
La situation est intenable disent certains ! Pas si sûr ! Car si le résultat de cette politique est d'aboutir à un affaiblissement de nos monnaies, est ce une catastrophe ? Non bien sur, car elles sont justement surévaluées. Le meilleur exemple de cela est la distorsion paritaire qui existe entre les monnaies de certains émergents et les notres. Le constat est simple : il y a plus de Porsche Cayenne à Shanghaï qu'à Paris et l'equivalent salaire mensuel d'un ouvrier chinois est à 100 $ alors qu'il est chez nous au minimum à 1200 euros. Rien ne justifie cette différence aujourdhui si ce n'est une parité fixe dollar yuan artificiellement imposée par les anciens accords sino-américains. Les chinois ne veulent pas réevaluer leur monnaie ? Ce sont les notres qui baisseront, le marché finira par reprendre le dessus. Et si le Yuan reste accroché au dollar, les chinois subiront une inflation insupportable de leurs prix importés. Le yuan est donc condamné à s'apprécier pour diminuer le coût des importations en matière premières de l'usine du monde. Dans ce contexte, j'ai donc plutot tendance à soutenir la politique de Ben Bernanke et je l'ai déjà dit plusieurs fois, sans son action et celle de la BCE, nous serions en déflation profonde.
A plus long terme
Ces mouvements monétaires devraient aboutir dans une dizaine ou une vingtaine d'année à un début de relocalisation industrielle en occident, ce qui est hautement souhaitable. En revanche, la montée inéluctable du prix des matières premières même si elle se fait par vagues de hausse et de baisse devraient nous conduire à être beaucoup plus économes en ressources naturelles. Le recyclage devrait se développer fortement et nos modes de consommation devraient se modifier en profondeur. La consommation Kleenex finira par disparaitre.