28 novembre 2009
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08:52
Par Jean Christophe Bataille.

J’ai lu il y a quelques temps un commentaire sur un blog accusant une fois de plus les banques centrales d'avoir injecté de la monnaie dans l’économie sans obtenir le moindre effet positif sur la crise actuelle. Les différents soutiens au système bancaire porteraient atteinte à une doctrine libérale poussée à l'extrème selon laquelle l’action de l’état doit être réduite à sa portion congrue. Le FMI serait l'un des bras armés d’un interventionnisme forcené qui réclamerait une régulation financière inutile et injustifiée.
Il s'agit d'un débat qui commence à dater mais ces affirmations encore renouvelées me laissent perplexe. Imaginons un instant que les banques centrales et les états n’aient pas alimenté en liquidités le système bancaire après la chute de Lehmann Brother … L’ensemble des banques américaines et européennes aurait fait faillite. Ce qui veut dire que les créanciers chirographaires que nous sommes, hormis ceux qui déposent leur argent à la poste en même temps que leur courrier, auraient perdu tous leurs avoirs. Nous aurions donc eu le plaisir de voir l’économie s’effondrer dans un grand brasier séculaire ! Une apurement quasi instantané de toutes les dettes ! Mais à quel prix ... Comme en 1930, des queues interminables se formeraient devant les banques de dépôts, trouver un job serait impossible et la consommation pourrait se réduire, en cas de crise majeure, à sa plus simple expression dans des villes colonisées par de nouveaux pillards qui n’auraient plus rien à perdre. Le contexte social actuel et l’état des banlieues occidentales s’accommoderait très mal de cette descente aux enfers, avec toutes les conséquences que cela implique dans des sociétés où la violence a parfois du mal à être contenue … Pour les gens encore debout, obtenir un crédit serait incongru et les détenteurs de cash, vautours de ce charnier monétaire, achèteraient des biens de qualité en triple solde en disant merci à Schumpeter pour l’établissement de cet ordre nouveau.
Les déflationnistes parlent de faillite organisée des banques. J'avoue ne pas comprendre. Quand on fait faillite on disparait, on lèse clients et founisseurs. Sinon on est ni plus ni moins dans la configuration actuelle. A ceux qui souhaitent un vrai « credit crunch », je conseille la lecture ou la relecture des « raisins de la colère » de Steinbeck pour bien comprendre ce qu’a été la période déflationniste des années 30.
Qu’observons-nous aujourd’hui ? Les passants que nous croisons dans la rue ont-ils l’air malheureux ? Non ! Car l'effondrement de l’économie par disparition du système bancaire à fort heureusement été évité. Et je gage que ce système continuera à être soutenu quel qu’en soit le coût pour les monnaies. On parle souvent de la crise japonaise et de la décennie perdu mais le Japon n'a fort heureusement pas subi ce qu'ont vécu les américains dans les années 30. Les mesures prises ont évité l'effondrement total de l'activité japonaise même si la BOJ a fait des choix discutables et à tardé à élargir son bilan. Dans la crise actuelle, l'ampleur de la dette globale maintiendra la croissance à un niveau anémique en occident mais l’économie ne repartira pas de zéro et les émergents finiront un jour par découpler. Les acteurs privés occidentaux épargnent et ont entamé un désendettement qui devrait être facilité par une dépréciation salutaire des monnaies sanctionnant une époque durant laquelle les conditions régulant les échanges commerciaux, les distorsions de change et les parités fixes avec la monnaie chinoise n’ont généré que délocalisations industrielles et endettement insupportable en Europe et aux USA.
Je ne dis pas non plus que tout est rose. Les hommes politiques nous ont aussi gratifiés de leur lot de bêtises ou de compromissions. Que faut-il regretter ? A mon sens, que les banques n’aient pas été nationalisées temporairement. Le contribuable serait sorti gagnant du bail out et un système de régulation orientant l’argent injecté plus directement vers l’économie aurait été mis en place. Ensuite les plans de relance à la consommation ne servent à rien et reportent une rechute de l’activité que nous ne manquerons pas de constater à l’échéance de six mois ou un an.
On peut être libéral, mais pas à n’importe quel prix. Je continue de croire que l’état a son rôle à jouer. La communauté des nations doit amener certains émergents en bonne santé à réévaluer rapidement leur monnaie et à rejoindre le système de change flottant. Et si les années à venir promettent d’être difficiles, si le désendettement se réalise très lentement, si les mutations nécessaires sont douloureuses, les états et les banques centrales ont tout de même évité l’apocalypse prôné par certains.

J’ai lu il y a quelques temps un commentaire sur un blog accusant une fois de plus les banques centrales d'avoir injecté de la monnaie dans l’économie sans obtenir le moindre effet positif sur la crise actuelle. Les différents soutiens au système bancaire porteraient atteinte à une doctrine libérale poussée à l'extrème selon laquelle l’action de l’état doit être réduite à sa portion congrue. Le FMI serait l'un des bras armés d’un interventionnisme forcené qui réclamerait une régulation financière inutile et injustifiée.
Il s'agit d'un débat qui commence à dater mais ces affirmations encore renouvelées me laissent perplexe. Imaginons un instant que les banques centrales et les états n’aient pas alimenté en liquidités le système bancaire après la chute de Lehmann Brother … L’ensemble des banques américaines et européennes aurait fait faillite. Ce qui veut dire que les créanciers chirographaires que nous sommes, hormis ceux qui déposent leur argent à la poste en même temps que leur courrier, auraient perdu tous leurs avoirs. Nous aurions donc eu le plaisir de voir l’économie s’effondrer dans un grand brasier séculaire ! Une apurement quasi instantané de toutes les dettes ! Mais à quel prix ... Comme en 1930, des queues interminables se formeraient devant les banques de dépôts, trouver un job serait impossible et la consommation pourrait se réduire, en cas de crise majeure, à sa plus simple expression dans des villes colonisées par de nouveaux pillards qui n’auraient plus rien à perdre. Le contexte social actuel et l’état des banlieues occidentales s’accommoderait très mal de cette descente aux enfers, avec toutes les conséquences que cela implique dans des sociétés où la violence a parfois du mal à être contenue … Pour les gens encore debout, obtenir un crédit serait incongru et les détenteurs de cash, vautours de ce charnier monétaire, achèteraient des biens de qualité en triple solde en disant merci à Schumpeter pour l’établissement de cet ordre nouveau.
Les déflationnistes parlent de faillite organisée des banques. J'avoue ne pas comprendre. Quand on fait faillite on disparait, on lèse clients et founisseurs. Sinon on est ni plus ni moins dans la configuration actuelle. A ceux qui souhaitent un vrai « credit crunch », je conseille la lecture ou la relecture des « raisins de la colère » de Steinbeck pour bien comprendre ce qu’a été la période déflationniste des années 30.
Qu’observons-nous aujourd’hui ? Les passants que nous croisons dans la rue ont-ils l’air malheureux ? Non ! Car l'effondrement de l’économie par disparition du système bancaire à fort heureusement été évité. Et je gage que ce système continuera à être soutenu quel qu’en soit le coût pour les monnaies. On parle souvent de la crise japonaise et de la décennie perdu mais le Japon n'a fort heureusement pas subi ce qu'ont vécu les américains dans les années 30. Les mesures prises ont évité l'effondrement total de l'activité japonaise même si la BOJ a fait des choix discutables et à tardé à élargir son bilan. Dans la crise actuelle, l'ampleur de la dette globale maintiendra la croissance à un niveau anémique en occident mais l’économie ne repartira pas de zéro et les émergents finiront un jour par découpler. Les acteurs privés occidentaux épargnent et ont entamé un désendettement qui devrait être facilité par une dépréciation salutaire des monnaies sanctionnant une époque durant laquelle les conditions régulant les échanges commerciaux, les distorsions de change et les parités fixes avec la monnaie chinoise n’ont généré que délocalisations industrielles et endettement insupportable en Europe et aux USA.
Je ne dis pas non plus que tout est rose. Les hommes politiques nous ont aussi gratifiés de leur lot de bêtises ou de compromissions. Que faut-il regretter ? A mon sens, que les banques n’aient pas été nationalisées temporairement. Le contribuable serait sorti gagnant du bail out et un système de régulation orientant l’argent injecté plus directement vers l’économie aurait été mis en place. Ensuite les plans de relance à la consommation ne servent à rien et reportent une rechute de l’activité que nous ne manquerons pas de constater à l’échéance de six mois ou un an.
On peut être libéral, mais pas à n’importe quel prix. Je continue de croire que l’état a son rôle à jouer. La communauté des nations doit amener certains émergents en bonne santé à réévaluer rapidement leur monnaie et à rejoindre le système de change flottant. Et si les années à venir promettent d’être difficiles, si le désendettement se réalise très lentement, si les mutations nécessaires sont douloureuses, les états et les banques centrales ont tout de même évité l’apocalypse prôné par certains.