4 janvier 2010
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09:12
Par Jean Christophe Bataille.

Je dis souvent que le découplage des émergents et son délai d'apparition conditionnent en grande partie l'évolution monétaire mondiale, le prix des matières premières et par voie de conséquence nos stratégies d'investissement. Les prises de position patrimoniales moyen long terme sont effectivement radicalement opposées selon que la planète entre en déflation longue ou évolue vers une stagflation.
Je cite à nouveau une analyse d'Eric le Coz responsable de la recherche économique chez Carmignac :
Les ventes de détail aux États-Unis ont atteint un record de 380 milliards de dollars par mois en novembre 2007. Aujourd’hui, le rythme mensuel est plutôt de 345 milliards. Dans le même temps, les ventes de détails en Chine sont passées d’un rythme de 110 milliards de dollars par mois à 150 milliards aujourd’hui.
Ainsi, la consommation chinoise est loin d’être équivalente à la consommation américaine, mais sa progression (+40 milliards), a plus que compensé la défaillance du consommateur américain (-35 milliards).
et celle-ci plus récente :
Concernant la Chine, la croissance des crédits planifiée pour l’an prochain est de 15 %, soit près de 7 000 milliards de Yuan, contre une croissance de 30 % cette année. Le risque n’est pas trop de crédits mais trop peu. Pour financer les projets qui seront en cours en 2010, il ne faut rien de moins que cela, sans quoi des projets seront abandonnés (ce qui aurait pour effet d’augmenter les prêts défaillants) et aucun nouveau projet ne verrait le jour. D’où la demande du gouvernement chinois faite aux banques pour relever le niveau de leurs fonds propres, pour faire face à la croissance future de leur encours de crédit.
Dans le cas de la Chine, une croissance trop faible des crédits aurait ainsi des conséquences négatives plus importantes qu’une croissance trop rapide aurait en termes de mauvaise allocation des ressources. Là encore évitons les jugements hâtifs. En début d’année, l’industrie automobile chinoise affichait une sur-capacité d’environ 30 % par rapport au volume annuel des ventes. Avec l’aide des baisses d’impôt, des subventions et de la croissance, les ventes d’automobiles auront finalement progressé de 38 % sur l’année effaçant l’intégralité de la surcapacité initiale et même un peu plus. De la même façon, le stock de logements invendus en fin d’année dernière paraissait énorme. Grâce aux mesures en faveur de ce secteur, les ventes ont progressé de 79 % depuis le début de l’année, par rapport à l’an passé, ramenant le stock de logements offerts à la vente sur les niveaux les plus bas de ces dernières années et conduisant à de nouvelles hausses de prix dans l’immobilier résidentiel. Quand l’économie chinoise deviendra une économie mature, la question des surcapacités se posera.
Une étude très récente de Natexis montre que les exportations de la Chine vers les Etats-Unis + UE à 15 + Japon ne représentaient en 2007 que 17.17 % en valeur en % du PIB . Le Brésil, quant à lui, est très peu tourné vers le marché occidental avec un pourcentage de 5.25 %. Quelques chiffres :

Je dis souvent que le découplage des émergents et son délai d'apparition conditionnent en grande partie l'évolution monétaire mondiale, le prix des matières premières et par voie de conséquence nos stratégies d'investissement. Les prises de position patrimoniales moyen long terme sont effectivement radicalement opposées selon que la planète entre en déflation longue ou évolue vers une stagflation.
Je cite à nouveau une analyse d'Eric le Coz responsable de la recherche économique chez Carmignac :
Les ventes de détail aux États-Unis ont atteint un record de 380 milliards de dollars par mois en novembre 2007. Aujourd’hui, le rythme mensuel est plutôt de 345 milliards. Dans le même temps, les ventes de détails en Chine sont passées d’un rythme de 110 milliards de dollars par mois à 150 milliards aujourd’hui.
Ainsi, la consommation chinoise est loin d’être équivalente à la consommation américaine, mais sa progression (+40 milliards), a plus que compensé la défaillance du consommateur américain (-35 milliards).
et celle-ci plus récente :
Concernant la Chine, la croissance des crédits planifiée pour l’an prochain est de 15 %, soit près de 7 000 milliards de Yuan, contre une croissance de 30 % cette année. Le risque n’est pas trop de crédits mais trop peu. Pour financer les projets qui seront en cours en 2010, il ne faut rien de moins que cela, sans quoi des projets seront abandonnés (ce qui aurait pour effet d’augmenter les prêts défaillants) et aucun nouveau projet ne verrait le jour. D’où la demande du gouvernement chinois faite aux banques pour relever le niveau de leurs fonds propres, pour faire face à la croissance future de leur encours de crédit.
Dans le cas de la Chine, une croissance trop faible des crédits aurait ainsi des conséquences négatives plus importantes qu’une croissance trop rapide aurait en termes de mauvaise allocation des ressources. Là encore évitons les jugements hâtifs. En début d’année, l’industrie automobile chinoise affichait une sur-capacité d’environ 30 % par rapport au volume annuel des ventes. Avec l’aide des baisses d’impôt, des subventions et de la croissance, les ventes d’automobiles auront finalement progressé de 38 % sur l’année effaçant l’intégralité de la surcapacité initiale et même un peu plus. De la même façon, le stock de logements invendus en fin d’année dernière paraissait énorme. Grâce aux mesures en faveur de ce secteur, les ventes ont progressé de 79 % depuis le début de l’année, par rapport à l’an passé, ramenant le stock de logements offerts à la vente sur les niveaux les plus bas de ces dernières années et conduisant à de nouvelles hausses de prix dans l’immobilier résidentiel. Quand l’économie chinoise deviendra une économie mature, la question des surcapacités se posera.
Une étude très récente de Natexis montre que les exportations de la Chine vers les Etats-Unis + UE à 15 + Japon ne représentaient en 2007 que 17.17 % en valeur en % du PIB . Le Brésil, quant à lui, est très peu tourné vers le marché occidental avec un pourcentage de 5.25 %. Quelques chiffres :
Pays | Exportations vers OCDE en % du PIB en 2007 |
Corée | 12.24 |
Tawan | 18.31 |
Singapour | 48.14 |
Malaisie | 35.51 |
Chine | 17.17 |
Thailande | 23.79 |
Indonésie | 11.26 |
Philippine | 17.01 |
Vietnam | 37.46 |
Roumanie | 18.19 |
Bulgarie | 17.68 |
Hongrie | 56.50 |
Pologne | 26.57 |
Tchèquie | 61.69 |
Lettonie | 2.92 |
Estonie | 39.36 |
Lituanie | 29.73 |
Slovénie | 45.31 |
Slovaquie | 69.98 |
Turquie | 8.43 |
Ukraine | 6.26 |
Mexique | 23.39 |
Argentine | 5.74 |
Chili | 19.27 |
Brésil | 5.25 |
Uruguay | 6.58 |
Colombie | 7.47 |
Equateur | 18.57 |
Pérou | 11.36 |
Source Natexis
Natexis ne livre pas les chiffres indiens mais les estiment inférieurs à ceux de la Chine. Seuls les pays d'Europe de l'est comme la Tchéquie et la Slovaquie ou la communauté Singapourienne sont véritablement vulnérables à la dépression occidentale.
Un autre graphique explicite encore mieux la situation :
On peut constater que les exportations globales de la Chine en produit manufacturés sont actuellement de 34 %. Si on considère que la chine exporte très peu de services, on peut en déduire que les exportations de la Chine vers les autres émergents représentent à peu près 17 % de son PIB (34 % - 17,17 %), soit presqu'autant que les exportations vers les pays de l'OCDE. Le marché des émergents serait donc aussi important pour les chinois que l'ensemble des pays occidentaux réunis Japon compris.
La courbe grise objective une montée de la production manufactière l'an dernier alors que la courbe rouge montre une baisse très nette de l'export (tous pays confondus). Où va cette production si ce n'est vers le marché intérieur chinois ? ...
Considèrons enfin les exportation totales des pays asiatiques (en incluant le Japon) avec les USA :
Nous constatons que les exportations de l'Asie vers les USA ont chuté en 8 ans de 43 à 23 %. Si on considère que l'export vers l'Europe subit la même décroissance, on est obligé d'admettre que les échanges commerciaux entre les pays asiatiques et émergents en général sont en nette croissance.
Enfin la Chine est aussi l'un des plus gros importateurs de la planète. En net, les exportations ne représentent que 1,1% du taux de croissance de la Chine enregistré sur la période 2000-2008. Le plus gros de sa croissance est assuré par les investissements et la consommation intérieure, soit les quelques 7 % restants !
Tout cela permet de relativiser largement le mythe d'une Chine et d'émergents dépendants de l'OCDE.
Ces chiffres sont fondamentaux et nous amènent à réfléchir. Les affirmations de Petties me semblent de moins en moins crédibles. Le découplage chinois ne correspond pas à une date précise, il est en route et se fait progressivement. De fait, le niveau de ce découplage permet déjà de maintenir la consommation mondiale après ce premier accès de la crise (étude de Le Coz) . Que se passerait-il en cas de rechute de l'économie en occident. La Chine souffrirait temporairement, c'est évident mais pas tant que cela car le carry trade continuerait à soutenir l'investissement. Certes la Chine est en état de suchauffe actuellement et, c'est vrai, de nombreuses bulles se forment en particulier sur l'immobilier à Shangaï ou à Shenzhen, mais le potentiel de croissance reste intact, et le profil budgétaire et le potentiel de consommateurs de la Chine est excellent. La seule limite à cette croissance sera le prix de matières premières et de l'énergie. Attendez vous à ce que la Chine lâche le dollar ...