File trading mars
Par Daniela
Bonsoir à tous,
La baisse de janvier-février est désormais terminée, le rebond de l'indice a bien eu lieu dans la zone 3560-3600 définie comme support en file trading février. Par contre, la zone de retournement que j'anticipais vers CAC3860-3880, soit la limite de l'ancien range, a été franchie en force lors de la séance de vendredi.
Est-ce à dire que la hausse triomphe et la baisse est à oublier? Selon moi, non.
Situations des indices à la clôture du 5 mars
Concentrons-nous sur le S&P500, l'indice directeur américain beaucoup plus représentatif à mon sens que le Dow ou le Nasdaq.
La valeur de 1115 correspondant à l'ancienne limite haute du range étroit de novembre-décembre a eu un effet psychologique sur les opérateurs, mais ce niveau a servi d'inversion de polarité. Il a agiten tant que support à court-terme. On peut noter également au passage la pertinence une fois encore des figures de marteaux en chandeliers journaliers (mèches acheteuses). En première approche le double sommet n'est pas loin. Evoquer un double sommet revient explicitement à avoir une anticipation baissière, or lorsqu'une séquence de baisse est corrigée à plus des deux tiers l'expérience et la prudence militent généralement pour une invalidation de la baisse.
Mais pas cette fois-ci selon moi. Pourquoi?
Je propose cette lecture graphique, lecture basée sur une simple comparaison quantitative : observons les trois bougies baissières de la famille A. En faisant abstraction de la séquence de latéralisation isolée en jaune, on obtient le résultat suivant : la bougie baissière la plus basse a été annulée par 6 bougies haussières. Les deux premières bougies baissières consécutives ont été annulés par une séquence de 13 bougies. En somme pour compenser trois jours de baisse cumulée, l'indice S&P500 a nécessité 19 jours de hausse. Même en soustrayant les bougies de la séquence de latéralisation de fin février (8 bougies), on obtient 3 jours de baisse équivalents à 11 jours de hausse.
Doit-on acheter à moyen-terme un marché boursier dont la vélocité à la baisse est au minimum quatre fois plus importante qu'à la hausse?
Doit-on se positionner haussier sur un marché qui réagit par des bougies de type A à des nouvelles somme toute prévisibles – même si l'échéance, elle, est
imprévisible : discours sur la régulation bancaire d'Obama, difficultés de financement d'un état comme la Grèce ?
Je laisse aux lecteurs le soin de réfléchir pour eux-mêmes à ces questions.
Pour moi, la réponse est clairement non et je reste « off » à l'achat.
Indice CAC40
Notre indice national a comme toujours suivi, avec une modulation personnelle, le rythme imposé par les indices des Etats-Unis. En février le CAC40 et les autres indices composites européens (hormis le FTSE dopé par la faiblesse extrême de la livre sterling) ont montré une faiblesse relative, pénalisés par l'épisode de la Grèce. Depuis lors un certain rattrapage a eu lieu au point que certains indices isolé ont dépassé leurs points hauts. Mais pas sur le CAC40.
Un achat sur ces niveaux de prix me semble contenir un risque beaucoup trop élevé. S'il est vrai que la zone de prix 3860-3880 a été clairement franchie à la hausse, un dépassement du dernier point haut ne correspond pas au scénario privilégié. J'anticipe au contraire une baisse imminente de l'indice CAC40. Il s'agit d'un avis directionnel clair qui ne présage pas du fait que je puisse me tromper.
Indice Nikkei 225
Situation assez floue sur le Nikkei. Je n'ai pas d'avis sur l'évolution du Nikkei.
Il est intéressant de noter la corrélation entre le renforcement du yen (débouclage des opérations de carry trade, valeur refuge plus sécurisante que le dollar) et les séquences de baisse du Nikkei. Une comparaison qualitative identique avec le S&P500 serait très utile afin de déceler si l'un ou l'autre est en légère avance.
Pondérations sectorielles du CAC40 au vendredi 5 mars 2010 – approche moyen-terme
Les pondérations ont peu changé depuis un mois.
Poids cumulé du secteur financier : 17,5%
L'épisode grec a prouvé que les valeurs bancaires pouvaient s'effondrer assez rapidement dès que ce type de problématique refait surface. C'est un facteur de plus à méditer pour ceux qui ont un biais haussier.
Poids cumulé du secteur énergétique : 19,6% (Total pour les 2/3).
Le secteur énergétique a légèrement baissé en pondération du CAC40 mais représente toujours environ 20% de l'indice.
Considérant par ailleurs des valeurs très solides telles que France Telecom, Sanofi Aventis... le rappel de ces pondérations sert à préciser que nous n'envisageons pas à long-terme de baisse du CAC40 sur des niveaux extrêmes, c'est à dire sous 2400 points.
Approche comparative des valeurs du CAC40
La sélection de deux valeurs de la cote sera l'occasion à nouveau d'illustrer le principe de force relative. Dans le cadre d'un positionnement swing issu d'une incertitude (incertitude quand à l'éviolution de l'indice), certains arbitrages se révèlent gagnants quelque soit l'évolution de l'indice CAC40.
S'il est vrai que les valeurs bancaires, dont Société Générale, ont beaucoup progressé en mars-avril 2009, la comparaison depuis lors avec les parapétrolières est accablante.
Anticipations des analystes de Comerzbank
Comme à notre habitude, nous allons questionner nos amis analystes de Commerzbank qui nous dévoilent gentiment leurs anticipations à travers des prix pratiqués sur
leurs warrants corridor. Etudions les prix pratiqués à la clôture de vendredi soir.
J'attire encore une fois l'attention des lecteurs sur l'aspect « décryptage » qui découle de la nature de ces produits : la banque émet et vend des dérivés dont le principe très simple est le suivant :
-
le client gagne 10€ si aucune des deux bornes indiquées n'est touchée avant l'échéance.
-
Le client perd tout dans le cas contraire (mais il peut revendre avant l'échéance).
On comprend naturellement qu'il est dans l'intérêt de Commerzbank de faire en sorte que l'espérance de gain de ses produits soit négative pour le client. De cette évidence, on peut en soustraire les anticipations probabilistes des analystes de Commerzbank.
Qu'observe-t-on de manière particulièrement flagrante à la clôture de vendredi soir?
Le prix pratiqué sur l'intégralité des dérivés corridor est très cher, ce qui signifie que tous ces dérivés ont une forte probabilité de finir gagnants selon les anticipations ou l'algorithme de Commerzbank au vendredi soir 5 mars.
J'attire surtout l'attention de nos amis lecteurs sur le dérivé 4093z ! Ce dérivé est vendu 9,81€ pour un strike pourtant très proche à CAC4000. Que dire également des dérivés à échéance du 14 avril de strikes CAC4100, 4200, 4300 indistinctement vendus très chers tous les trois? Cela devrait pour le moins inciter certains enthousiastes adeptes d'une hausse vers 4300+ à réfléchir.
Attention, il s'agit des anticipations de Commerzbank. Nos amis de Commerzbank peuvent aussi se tromper mais il est toujours utile de savoir ce qu'ils pensent, ou du moins ce que leurs algorithmes de calcul tiennent pour probable.
Ce qui est patent, c'est que les insiders de Comerzbank sont tout sauf haussiers.
Aparté
Nos amis lecteurs qui lisent les commentaires des différentes files savent que je me montre sévère envers la majorité des analystes dont les analyses sont généralement creuses et vides de sens (aucune direction, aucune échéance, aucune clarté, ambivalence totale). A titre d'exemple, voici simplement quelques phrases tirées d'analyses d'un site faisant référence. Je ne résiste pas, eu égard à mon esprit scientifique , à transcrire ces deux citations en langage formel, en prenant comme analogie un avion :
« une clôture du mois de mars en forte hausse donnerait le top d'une poursuite haussière »
Transcription en langage formel : si notre avion gagne 5000 pieds d'altitude alors il gagne de l'altitude.
« en cas d’impossibilité à se maintenir au-dessus de la zone 3850-3880, il ne faudra pas non plus s’obstiner dans le scénario haussier »
Transcription en langage formel : si notre avion malgré une poussée pleins gaz ne peut pas monter en altitude alors il ne peut pas monter en altitude.
La transcription en langage formel de la majorité des phrases d'analystes nous renvoie généralement de nombreuses perles dont il ne faut pas négliger le fort potentiel comique. Une fois formalisées, les propositions langagières des analystes sont souvent désopilantes : si A=1 alors A=1; si B=2 alors B=2.
Si A peut prendre deux valeurs 1 ou -1, si A est différent de 1 alors je vous prédis que A = -1.
Grâce à ce type d'analystes, la science progresse et l'intervenant en quête d'avis clair est rassuré.
En conclusion de cet aparté, je tiens à rappeler qu'un analyste qui ne trade pas ses analyses n'a aucune crédibilité. Il me semble difficilement concevable de prétendre être analyste sans être trader.
Anticipation personnelle
Synthèse de mon anticipation personnelle court-terme : reprise de la baisse en direction de 3550 minimum, puis 3400 à moyen-terme, avant la fin du printemps. On peut initier des positions à la baisse en respectant les consignes suivantes :
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un dépassement des plus hauts sur le CAC40 me surprendrait beaucoup et serait à l'encontre de mon anticipation, mais improbable ne signifie pas impossible. Un tel dépassement invalide la baisse à échéance mensuelle.
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Niveaux de stop loss préservant le capital – risque de 1% sur le portefeuille quelque soit la position engagée. Rappelons qu'il existe deux manières d'agir en bourse : gagner lentement ou perdre rapidement.
Recommandations
Long-terme / investisseurs : échéance de 6mois à un an.
Non, ce n'est pas le moment d'acheter des actions. Nous recommandons encore et toujours de faire preuve de patience. Nous recommandons également de vendre la plupart des valeurs, donc de se débarrasser des actions, sauf dans les cas suivants :
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valeurs énergétiques acquises à bon prix (entre octobre 2008 et avril 2009)
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valeurs de rendement pur acquises depuis longtemps ou à bon prix (France Telecom, Vivendi, Pages Jaunes). Puisque la saison des dividendes approche, si de telles valeurs ont été acquises à bon prix, autant les conserver. NB : conserver ne signifie pas acheter.
Moyen-terme
On peut se positionner à la baisse en respectant un money management adéquat, en guettant un point haut qui pourrait survenir dès cette semaine.
Court-terme
On peut se positionner à la baisse en respectant un money management rigoureux et en préférant une entrée motivée par une baisse de l'indice en séance . Stop loss de rigueur comme toujours.
Tous horizons de temps
Si malgré tout certains de nos lecteurs souhaitent initier des positions à l'achat, je leur recommande le placement le plus simple et le plus sûr à long-terme comme nous l'évoquons couramment : le pétrole et les valeurs associées.
Daniela