Par Jean Christophe Bataille
La statistique a été mise en ligne à 14 heures 30 vendredi : les USA ont créé 162.000 postes nets sur le mois de mars, d'après les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés vendredi par le département du Travail à Washington. Ce chiffre est le plus élevé depuis mars 2007. Le président Barack Obama s'est félicité que le pays commence "à voir le bout du tunnel".
L'AFP a commenté la nouvelle le soir :
Les États-Unis ont perdu près de 8,4 millions d'emplois, soit 6% de leur population employée (hors agriculture) entre le début de la récession en décembre 2007
et février 2010.
Si elles se confirment, ces créations d'emploi feront enfin ressentir aux ménages l'effet d'une reprise économique engagée depuis l'été, et qui profitait essentiellement aux entreprises et à
leurs actionnaires, peu aux salariés. "La reprise économique est en train de profiter aux travailleurs", a estimé la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
"Les chiffres confirment le tableau de la reprise et font de sa viabilité un pari plus sûr", a dit Steven Ricchiuto, de Mizuho Securities.
Si l'économie a été aidée par 48.000 embauches dues au coup d'envoi du recensement décennal, le secteur privé a apporté une contribution décisive.
"Il est évident que le marché du travail américain reste gravement déprimé (...). Il faudra une croissance durable et robuste de l'emploi pour faire baisser ce
chômage", a estimé la Maison Blanche.
Si l'on tient compte des personnes exclues de la population active comme les chômeurs dits découragés, et les salariés à temps partiel qui cherchent un temps complet, le taux de chômage "réel" a
augmenté de 0,1 point en mars, à 16,9%.
Quelles conclusions faut-il en tirer ? Les marchés ont immédiatement réagi : le cross Euro Dollar a chuté.
Analyse économique
Comme je l'avais anticipé il y a plus d'un an, l'action de la FED a réussi à rompre les tendances déflationnistes de 2008 et les émergents devenus autonomes ont soutenu la croissance US en enclenchant à l'évidence un mécanisme créateur d'emploi dans le secteur privé. Ce qui permet aux américains de créer des emplois contrairement à de nombreux pays européens car la répartition géographique de leurs exportations est meilleure. 57 % des exportations des Etats-Unis vont vers des zones économiques dynamiques (Canada, Chine, émergents d’Asie, Amérique Latine, Russie et OPEP). C’est seulement 23 % pour la zone euro, d’où la croissance plus rapide des exportations américaines (source Natexis)
Sans exclure une poussée déflationniste, le scénario d'une profonde déflation avec grand plongeon des indices dans le contexte d'un non découplage des émergents est devenu très improbable. Sans nouvelle crise bancaire, nous passerons sans transition à un environnement stagflationniste.
Le risque va désormais être celui de l'inflation chez les émergents et la contamination des pays occidentaux les moins exportateurs par cette inflation . Cette dernière va être fortement dépendante de la politique de taux des émergents. Si leurs banques centrales ne réagissent pas en resserrant l'étau monétaire, le risque de stagflation va grandir chez nous, aggravé par la hausse de la dette de nos états. Les dernières déclarations de l'agence internationale de l'énergie confirme que la production pétrolière commence à décroitre dans un contexte de consommation mondiale croissante. Nul doute que le prix de l'énergie va flamber et augmenter encore nos IPC. Par ailleurs, la réévaluation à venir des monnaies émergentes va, elle aussi, exercer une forte pression sur nos prix. Enfin la tentation protectionniste, fondamentalement inflationniste, est déjà à l'ouvrage. Il nous faut donc surveiller attentivement l'évolution des taux courts en Asie, en Inde et au Brésil.
Ce que je prévoyais en 2008 sur le plan économique et monétaire est en train de se réaliser. Il n'y aura pas de spirale déflationniste, pas de baisse des prix à la consommation et le prix des actifs s'est stabilisé.
Conséquence sur nos investissements immobiliers
Les gens qui possèdent du cash peuvent attendre encore pour acheter de l'immobilier mais les investisseurs à crédit à qui j'ai conseillé de regarder le marché peuvent désormais acheter à taux fixe des biens à fort rendement.
Analyse boursière fondamentale
Cette statistique sur l'emploi US change la donne et pourrait prolonger la hausse des actions. Les indices européens qui sont en retard en terme de valorisation pourraient profiter de l'optimisme ambiant. La baisse des indices liée à la montée des taux évoquée il y a quelques jours, pourrait ne pas avoir lieu tout de suite. Voilà pour le court terme.
Cela ne veut pas dire qu'il ne va pas y avoir de correction sur les actions dans l'année, au contraire. La hausse des taux à venir peut nous fournir des périodes de baisse des marchés. Mais il faudra systématiquement mettre à profit ces baisses pour accumuler les actions qui nous intéressent : parapétrolières et émergents.
On pourra objecter que les actions ont déjà bien progressé. Elles ont en fait beaucoup stagné.
Si on prend la valeur des indices CAC et SP
500 en valeur or, nous constatons que le CAC n'a pas progressé depuis mai 2009. Si nous exprimons l'or en euros et pas en dollars, il a même baissé ! Le SP
500 s'en sort un peu mieux, traduisant ainsi une capacité de croissance un peu meilleure outre atlantique.
Il faut toutefois bien considérer que les actions, comme l'immobilier, sont des actifs. Elles vont donc flotter sur l'inflation et nous protéger de la dévalorisation monétaire tout en subissant les baisses ou les hausses de leur activité. Quelle que soit leur évolution à court terme, il devient difficile de rester totalement en dehors des quelques actions qui ont un gros potentiel de croissance.
Nous allons donc renforcer notre allocation en valeurs parapétrolières (dont les facturations sont exprimées dans un dollar à la hausse) dans une optique de swing mais aussi d'achat long terme comme nous avons commencé à le faire il y a un mois. Notre panier de parapétrolières a déjà progressé de 13 %.
Mais il faut rester prudent, les bonnes nouvelles actuelles ont été largement anticipées par le marché et les niveaux de valorisation sont désormais assez
élevés. Devant l'incertitude sur l'évolution des marchés, je vous propose d'adopter une attitude de swing en trend following sur l'achat d'action. Acheter sur accélération à la hausse et
prendre des bénéfices sur accélération à la baisse. Je publierai ces transactions sur la file trading.
Attention ! Toutes les mouvements de hausse peuvent être interrompus à tout moment par de nouvelles pressions sur les taux ou la découverte de nouveaux problèmes d'insolvabilité bancaire.
Analyse technique pour trading court terme sur le CAC (CFD France 40) :
Lors du dernier Forecast investissement - Avril 2010 - Crise des taux et insolvabilité, j'ai évoqué la possibilité de deux scénarii. L'un dans lequel le CAC franchissait durablement 3887 à la baisse, l'autre dans lequel le CAC franchissait à la hausse 3968 points. Le CAC a effectivement atteint 3868 le 22 mars en intra day mais a rebondi violemment pour cloturer à 3933. C'est finalement le deuxième scénario qui se déroule en ce moment. C'est lui qui m'a permis de réaliser un interessant day trading à la hausse sur le CAC en UT 15 minutes jeudi dernier
Concernant les tendances plus longues l'étude sur les divergences et les incertitudes sur l'évolution des sommets RSI et CCI que nous avons faite récemment en UT week reste encore sans réponse sur le CAC.
Pour l'heure, le CAC décrit une trend line de consolidation en UT 1H, ligne verte oblique :
Nous pourrons prendre position à la hausse, dès son franchissement net et uniquement dans ce cas. De nombreux signes permettent en UT plus courtes de valider ou pas ce franchissement. Il y aura dans ce cas une bonne probabilité pour que le CAC dépasse son plus haut à 55 périodes à 4041.80. Selon la théorie, nous aurons 75 % de chances pour que le CAC parcoure à la hausse, à partir de son récent plus haut de 4041.80, l'équivalent de la hauteur du triangle de consolidation actuel soit 4041.80 - 4021.80 = 20 points. Soit un objectif de 4061, un niveau proche de l'ancien overlap de 4088. Nous aurons également 35 % de chances pour que le CAC atteigne 1119 points, dernier plus haut à 55 périodes augmenté de la différence entre le dernier plus bas et la base du triangle de consolidation : 79 points.
J'attire votre attention sur le fait que ces deux possibilités de trades ont des philosophies très différentes. Le premier plan de trade donne moins de chances de perdre mais offre des gains limités. Le deuxième à moins de chances de réussir mais a, le stop étant placé au même endroit sous 4021, un rapport reward risk bien meilleur. Ce sera l'objet d'un prochain article de formation trading.
Bons trades !