Par Jean Christophe Bataille.
L'analyste de la Société Générale, Albert Edwards met en avant la possibilité d'une déflation à la japonaise en particulier en Europe devant la volonté des allemands de vouloir conserver la valeur de l'Euro et de payer la dette globale occidentale rubis sur ongle. Quelques réflexions dans le contexte d'un G20 dans lequel les Etats Unis et l'Europe sont loin de parler d'une même voix :
Les restrictions budgétaires ne manqueront pas de freiner l'économie européenne mais les exigences allemandes ne pourront être suivies que partiellement car la
récession qu'elles occasionneraient empêcherait la plupart des pays occidentaux de combler leur
déficit par manque de recettes.
Si l'Allemagne a un vrai potentiel de désendettement comme l'eut le Japon via une balance commerciale très positive, ce n'est pas le cas de nombreux pays de la zone euro. Il est ensuite admis que
si le Japon a pu réduire de façon significative sa dette privée, sa dette souveraine n'a fait que croître au fil des ans.
Ensuite l'inévitable inflation importée attendue avec la montée des émergents va occasionner des tensions sur les prix. Si les salaires ne suivent pas en monnaie courante, les états seront bien incapables d'appliquer la pression fiscale nécessaire aux programmes de désendettement dans les pays où la consommation est prépondérante dans le PIB. De la même manière, une montée des taux courts, si elle était mise en oeuvre pour lutter contre la hausse des prix, pourrait renforcer sérieusement le frein économique lié aux restrictions de budgétaires.
Enfin la montée de la monnaie unique face à un dollar qui ne possède pas la même culture anti-inflation ne manquerait pas de réduire la compétitivité des
entreprises allemandes et leur capacité à exporter.
Il faudra donc faire un choix : faire exploser l'Europe ou admettre plus de souplesse dans la gestion des finances publiques au prix d'un certain niveau d'inflation.
Je fais le pari aujourd'hui que l'Allemagne ne quittera pas l'Europe.