Par Jean Christophe Bataille
Voici un graphe tiré de Dshort.com que j'apprécie particulièrement et que j'ai déjà présenté dans Futures. Il compare l'effondrement du Dow à partir de 29, la chute progressive du Nikkei et la crise actuelle visualisée à travers le SP 500. Ce premier graphe est ajusté de l'inflation et exprime les indices en monnaie constante :
Le graphe suivant montre les trois mêmes crises avec les valeurs réelles des indices sans ajustement en fonction de l'inflation.
On note d'emblée que l'inflation monétaire dissocie les 3 courbes alors qu'elles évoluaient de façon assez superposables sur le graphe ajusté de l'inflation. Le
point bas de 2009 était en particulier relativement proche de celui de autres courbes au bout de 9 ans. Cela signifie pour moi que si ces courbes évoluent de concert en monnaie constante,
l'action de Bernanke et de Trichet sur les masses monétaires a induit une très significative modification de l'évolution des indices en monnaie courante. On peut noter en particulier la forte
hausse des indices liée à l'expansion du crédit durant les années 2000. Autrement dit, les indices iront probablement moins bas que dans les 2 autres crises mais la monnaie qui sert à les évaluer
perd et perdra régulièrement de la valeur. C'est tout l'intérêt de posséder de l'or métal aujourd'hui car il permet de compenser cette dévalorisation monétaire entamée dans les années 2000.
Notons que l'or n'a pris que 63 % entre 1929 et 1933 alors qu'il a été multiplié par quatre depuis le début de la décennie.
Si les injections massives de monnaies se poursuivent, ce dont je ne doute pas tant la tolérance des créanciers de l'Amérique semble être sans limite, la courbe bleue va se dissocier de plus en plus des deux autres courbes. Dans la crise japonaise et la crise de 29, l'action des banques centrales a été beaucoup moins appropriée et surtout beaucoup trop tardive pour limiter les forces déflationnistes. Par ailleurs, la tension sur les monnaies liées à l'inflation importée (montée des salaires émergents, surchauffe des émergents, sous capacité de production des MP, distorsion de changes) n'était pas sur le point d'exploser comme aujourd'hui.
L'analyse de ces courbes et les éléments que je viens de citer me conduisent à penser que si les indices subissent les effets du deleveraging lié à l'endettement des secteurs publics et privés en occident, les valorisation d'actifs iront beaucoup moins bas que dans les deux autres crises précédentes. En terme d'investissement, cela signifie qu'un CAC à 3000 points est déjà un bon niveau d'achat pour nos actions cibles et que 2400 points est une limite maximum à la baisse pour nous sur le marché des actions françaises.
Je reprends ce que j'écrivais en décembre 2009 :
C'est ce qui me fait dire depuis un an que le CAC aura énormement de mal à baisser sous 2400 voire éventuellement un seuil plus élevé
désormais, les dernières mesures non conventionnelles et les effets du carry trade occasionnant une dévalorisation monétaire supplémentaire. Si on considère que la valeur du CAC de 1991,
date que l'on peut considérer comme étant le tout début de la bulle actuelle du crédit, soit 1500, équivaut à un CAC à 2000 ajusté de l'inflation en 2007, on peut imaginer que le CAC de 1991
équivaut après les productions monétaires récentes à un CAC à 2400 en 2010.
Pour répondre à une question qui m'a été posée récemment, le secteur des actifs les plus tangibles et rares comme l'or, le pétrole et certaines matières
premières, va voir ce phénomène largement amplifié et nous permettre des niveaux d'intervention à l'achat encore plus élevés en nominal, autour de CAC 3000-3400. Ceci d'autant plus que ces
acquisitions sont sécurisées par leur fort potentiel de croissance à long terme.
L'immobilier remonte d'ailleurs significativement en France, preuve s'il en est que la monnaie se dévalorise et que nous sortirons probablement de cette crise par l'inflation des prix à la consommation.